Je continue l'étude du traité

je trouve que les arguments avancés sont de très bonne qualité ... Mais las ! Je vais devoir vous annoncer la noirceur de l'inutilité de nos échanges.
Ce que je craignais est arrivé, le Président de la République (française) a franchi le Rubicon ... En refusant un débat avec des opposants avec la farce de dialogue avec les jeunes, il s'était approché de la ligne jaune (ou blanche, comme vous voulez), mais par son attitude actuelle (implication personnelle, monopolisation des media, implication de deniers publics pour la campagne du "oui", ...), il change la nature du referendum :
peu importe la question soumise au referendum, nous entrons dans le cas du referendum-plébiscite et la question devient tacitement et implicitement : "je me présente devant vous pour recevoir vos suffrages : approuvez-vous ma politique générale -et européenne en particulier- et me faites-vous encore confiance ?"
Les opposants au "oui" vont certainement déposer une requête devant le Conseil Constitutionnel, au motif qu'il y a déséquilibre dans l'allocation du temps de parole entre les partisans du oui et ceux du non dans les media, puisque n'est pas comptabilisé le temps occupé par le Président; normalement les requérants vont être déboutés, car il s'agit d'un referendum populaire à l'initiative du-dit Président, lequel peut utiliser tout le temps qu'il veut.
Si le oui l'emporte, le Président sera parfaitement dans son droit en tirant la couverture à lui : il a pris l'initiative, il a mené personnellement la campagne. Le peuple l'aura plébiscité sur sa politique générale et il n'y aura aucune raison fondée, à partir de là, qu'il renvoie son premier ministre. Un referendum-plébiscite remet les compteurs à zéro. Est-ce que l'attitude de Mr Chirac est ambiguë ? Non, son Premier Ministre est au plus bas dans les sondages, sa côte de popularité n'est pas au mieux ... Il est donc normal qu'il adopte une telle attitude.
Si le non l'emporte, il s'agit d'un désaveu général : il doit démissionner. La Constitution ne l'y oblige pas; mais il est aussi garant de la paix sociale. En aucun cas, son attitude ne doit provoquer les troubles sociaux qui ne manqueraient pas de se produire.
Il est regrettable, profondément regrettable, que ce scénario se passe sur une question européenne de la plus haute importance. Les élections régionales avaient été, quoiqu'on en dise, un lourd avertissement ... Le peuple a été purement et simplement bafoué.
Je n'aimerais pas être à la place des dirigeants socialistes, qui doivent absolument retirer leurs billes : "le referendum est requalifié du fait de l'attitude du Président -qui est dans son droit, je le rappelle-, nous ne pouvons plus qu'appeler les français et les françaises à voter en conscience sur une politique générale et particulière, quant à la question de l'Europe, du Président" ... S'ils ne font pas cela, ils seront tout autant marris par la victoire du oui ou du non. Dans le premier cas, l'UMP leur balancera : "c'était une campagne du Président, il n'avait pas besoin de vous; au mieux, vous avez fait campagne pour approuver la politique générale -et européenne en particulier- du Président et par voie de conséquence du Premier Ministre ... Ne soyez donc pas hypocrites." Et en cas de victoire du non, ils se seront situés dans la majorité et non dans la situation d'une opposition, qui peut présenter une alternative politique.
Je présente toutes mes excuses à nos ami(e)s européens(nes), qui méritaient mieux pour l'Europe que cet entâchement du fait de la politique intérieure française.
