Ha! Séquences de variations idéographiques, késako?
C'est pas compliqué, mais il faut quelques explications. Les pages web contiennent du texte, c'est-à-dire une suite de signes (Pour les langues occidentales, le plus souvent des lettres, des symboles et des chiffres; mais pour d'autres langues il y a des symboles syllabiques ou des idéogrammes, etc). Ces signes sont codés (de plus en plus souvent en Unicode, et c'est le seul à supporter ce qui nous intéresse) et l'un des rôles d'un navigateur est d'afficher ces codes correctement, en les remplaçants par le glyphe approprié.
Le glyphe est la représentation graphique du signe (ou de la lettre si vous préférez même si tout signe n'en est pas forcément une). Là où cela se complique c'est qu'un même signe peut être représenté par plusieurs glyphes (et vice-versa, dans le cas des homographes, mais cela ne nous intéresse pas ici). Ainsi le signe LETTRE_LATINE_A_MINUSCULE peut être représenté par de nombreux glyphes: a
aaaaaa sans oublier les différentes polices (Helvetica, Arial, serif, sans-serif, etc, etc. La liste des glyphes possibles pour chaque signe est quasi infinie.
Le navigateur doit donc choisir le bon glyphe pour cela, il procède ainsi:
1) Chaque police est une collection de glyphes. Il choisit la police adaptée
en fonction du style (nom et type de police, graisse, italique, couleur)
2) Pour les différentes glyphes de la même lettre mais dont le choix est dicté par les règles orthographique (utilisation d'une majuscule pour la capitale d'une phrase ou d'un nom propre en français par exemple), il se base sur les indications de l'auteur: des signes différents pour des glyphes différents.
3) Dans certaines langues (l'exemple le plus connu c'est l'arabe), le même signe (lettre) peut devoir être rendu par 4 glyphes différents
en fonction de la position: le glyphe pour les usages isolés, celui pour son usage en tête de mot, en milieu de mot ou en fin de mot. Là le logiciel de composition typographique choisit comme un grand le glyphe adéquat. On peut souvent utiliser un système similaire pour les ligatures (qui lient plusieurs signes) ou les digrammes (æ, Æ, ligature latine; œ, Œ, ligature français ou d'autres balkaniques plus compliquées puisque le signe est un digramme en minuscule, mais seul le premier composant prend la majuscule lorsqu'il est utilisé en capitale)
4) Enfin, et c'est ce cas qui nous intéresse, dans certaines langues utilisant des idéogrammes (chinois, japonais ou coréens par exemple),
certains idéogrammes ont été simplifiés au cours du temps (même et surtout récemment, au XXe siècle). Pour le même signe, il y a donc plusieurs idéogrammes possibles (au Japon tous les journaux n'ont pas adoptés la dernière réforme par exemple). Ainsi Unicode 5.1 a défini les séquences de variations idéographiques (IDS): un code spécifique est ajouté au code Unicode de l'idéogramme indiquant le glyphe souhaité et, s'il est disponible, c'est celui-là qui est utilisé, sinon c'est le glyphe de base qui est rendu. (Il y a d'autres usages, les nombres japonais ou les noms de famille orientaux).
Les IVS sont apparus dans Unicode 5.1 vers mi-2007 et sont également utilisés, outre les trois langues CJK, par le mongol. Pour pouvoir les utiliser il faut avoir des polices adéquates (elles existent et viennent avec les produits Adobe par exemple), un OS qui le supporte (Windows 7 avec Uniscribe le supporte, de même que OS X 10.6 (mais pas antérieur); DirectWrite devrait pouvoir permettre le support des IVS sous Vista; pour Linux, je ne sais pas) et un logiciel adapté (Opera, Flash et les autres produits Adobe, les applications livrées par défaut avec les OS le supportant comme TextEdit sous Mac).
Voilà,
Firefox supporte sous Windows 7 les IVS depuis cette nuit. Il reste quelque bug sous Mac OS X 10.6. Quant aux autres, il y a un bug ouvert pour l'étude, mais cela n'est pas encore fait.
Quelques infos:
Voilà, pas forcément très utile pour nous en Occident, mais nécessaire à maintenir Firefox à jour avec les technologies de typographie et utilisée en Extrême-Orient.