Benoit a écrit :
Je comprends absolument pas le sens de cette définition, à part vouloir embrouiller les gens ou banaliser la situation de monopole[*].
Je crois que tu comprends très bien au contraire. Je peux manquer de talent pour l'expliquer mais il me semble qu'il n'y a pas de quoi embrouiller qui que soit. Il s'agit de rendre compte, dans le domaine privé, de situations équivalentes à ce que l'on désigne ordinairement comme un monopole dans le domaine public. Pour cette dernière, la situation peut être effectivement décrite très simplement : 1 marché, 1 acteur. Peut-on décemment dire que les monopôles aient disparus avec les privatisations ? Il semblerait que non. Mais il semblerait aussi que cette définition soit devenue un peu courte pour décrire une nouvelle réalité économique comparable issue des privatisations.
On veut retenir ici des critères qui font l'efficience d'un monopole. C'est une affaire de concentration de moyens permettant le contrôle d'un marché donné. Quand il a atteint un certain degré, le contrôle est tel qu'il est convenu de dire que l'on se trouve dans une situation de monopole de fait, qu'il soit aux mains d'une ou plusieurs entités connues pour avoir des intérêts communs forts.
C'est un fait observé dans plusieurs domaines que nous avons en une vingtaine d'années en gros assisté à une série de transferts d'activités du public vers le privé. On en pense ce que l'on veut mais la libéralisation et la dérégulation des marchés (des services en particulier cf. AGCS) permettent dans un premier temps la création d'une multitude d'entreprises concurrentes, ça peut être 12 voire plus (*). Dans un deuxième temps, la concurrence fait rage (pas forcément comme on pourrait le croire cf. Air France-TWA-Air Liberté-AOM). Il en résulte une sélection ou la réduction du nombre d'acteurs. Dans un troisième on assiste à un phénomène de concentration par fusion/acquisition, alliances, partenariats, etc. C'est à ce moment que l'on peut obtenir ce que l'on désigne comme des
monopoles de fait dans le domaine privé, certes, à plus de 1 mais aussi à bien moins que 12 !
A bien y rergarder Microsoft n'est pas en situation strictement de monopole. Mais sa domination est telle qu'on veut bien lui reconnaître une situation de même type. Les économistes estiment qu'on peut obtenir un résultat comparable (par exemple risque d'abus de position dominante) lorsque des moyens suffisants pour contrôler un marché sont concentrés par plusieurs entités. 40% d'un marché contrôlé par moins de 5 entreprises est semble t-il suffisamment courant pour être caractéristique.
Apple fait partie des 5 entreprises contrôlant au moins 40% du marché des OS (disons Microsoft, Apple, Sun, Novell et Red Hat). Apple est donc en position de monopole ? (Je te prends au mot)
Apple se trouve dans une situation très particulière. Il est le seul à fournir des machines à son nom, OS, lecteur MM (Quicktime), navigateur (Safari), courrielleur (Mail) compris ... sans qu'on ne lui dise rien, ni en Europe, ni au Japon, ni au E.U. Mais dans les histoires de lobbying pro-brevets notamment, il n'est jamais très loin de Microsoft.
Mais c'était un clein d'oeil.
La réalité c'est quand même qu'un seul de tous ceux-là a une véritable position dominante.
On est bien d'accord et c'est même un modèle du genre qui est loin d'avoir dit son dernier mot. Il a pu concentrer suffisamment de moyens pour se le permettre. C'est un modèle et comme tout modèle, il tend à faire des émules.
[*] On peut jeter tout de suite les boîtes de Monopoly aussi, à moins d'être plus de 12 joueurs au départ, le jeu est fini avant d'avoir commencé.
Message envoyé avec : Mozilla/5.0 (Macintosh; U; PPC Mac OS X Mach-O; fr; rv:1.8.0.6) Gecko/20060728 Firefox/1.5.0.6